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LA LISTE DE LA MATINALE
Une mélodie tendre, née en 1965, devenue l’un des classiques de la bossa brésilienne, un titre du rappeur Childish Gambino de 2018 pour souligner l’état d’urgence dans lequel se trouve la planète, ou encore le tube pop new wave de 1984 du batteur et chanteur du groupe Eagles, avec quelques mystères derrière ses paroles nostalgiques… autant de chansons à rédecouvrir au cœur de l’été.
Quelque temps avant le coup d’Etat militaire (31 mars-1er avril 1964) et le début de la dictature au Brésil, dans un quartier chic de Rio de Janeiro, Marcos Valle et son frère Paulo Sergio Valle, de trois ans son aîné, renoncent au surf et à la mer. Programme du jour : rester à la maison et écrire des chansons. Le soleil règne, les oiseaux sèment de la joie, les filles font tourner la tête des garçons. C’est le temps de l’insouciance, des amours et de la drague. Une atmosphère inspirante pour les deux jeunes musiciens ; elle est propice à créer une petite bossa-nova, l’un de ces airs doux au balancement sensuel qui fait la marque de ce style inventé par Joao Gilberto (1931-2019) avec Antonio Carlos « Tom » Jobim (1927-1994) et Vinicius de Moraes (1913-1980). Un son qui va rayonner dans beaucoup d’endroits du monde.
Ainsi naît Samba de Verao (« Samba d’été »). Une mélodie tendre débutant avec voix et guitare, puis s’étoffant d’autres instruments – orgue, batterie, percussions, solo de trompette… Cette bossa-nova va devenir l’un des grands classiques du genre. Un tube énorme, comme l’est Garota de Ipanema (The Girl From Ipanema), créé en 1962 par Antonio Carlos Jobim (musique) et Vinicius de Moraes (texte).
Samba de Verao est une bossa-nova du meilleur cru – les gens de la bossa ont toujours dit que la base de leur style, c’était la samba, déconstruite rythmiquement. Marcos Valle est à la composition et au chant, Paulo Sergio Valle aux paroles. Elles racontent un coup de foudre, l’émoi d’un garçon devant une beauté fatale qui passe devant lui. Elle lui jette un regard sans s’arrêter. Ebloui par ses yeux dans lesquels il voit la mer, il la regarde partir. Va-t-elle se retourner ? Elle ne se retourne pas. Aurait-il dû la rattraper ? Lui dire qu’il avait des flots d’amour à lui offrir ? Doutes et confusion assaillent le garçon. Il ne dort plus, implore le ciel pour qu’elle revienne. En vain.
Dans un entretien accordé, en 2017, au journaliste américain Marc Myers, publié sur son blog « JazzWax », Marcos Valle raconte qu’il était âgé de 21 ans quand il a écrit Samba de Verao avec son frère Paulo. « Ce que j’écoutais à ce moment-là, c’était beaucoup de bossa-nova. Antonio Carlos Jobim, Roberto Menescal, Carlos Lyra. Samba de Verao reflète l’atmosphère de Rio à l’époque. Nous habitions près de la plage, mon frère et moi étions surfeurs. L’émotion que procure le surf, les filles, tout cela se retrouve dans notre portrait romantique de Rio. »
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